1.1 De l’identité personnelle à l’identité collective

D’après William James, un philosophe, il y a trois facettes à l’identité. Le corps, appelé le « soi matériel », le rôle social ou « soi social » et enfin la troisième facette celle qui dit que chacun de nous a le sentiment d’être autonome, doué de volonté et de libre-arbitre qui est le « soi connaissant »

Une étude de l’université de Princeton datant de 2006 a révélé qu’il fallait seulement un dixième de seconde pour porter un jugement sur une personne en fonction de son apparence physique. Mais alors pourquoi est-il si important de dégager l’image de nous-mêmes que nous voulons montrer ? Peut-il y avoir une portée symbolique plus forte derrière notre manière de nous habiller ?

L’adolescence est un âge déterminant dans la quête de nous-mêmes de manière individuelle et collective. Cependant cette double construction identitaire se voit entraver par des restrictions aussi bien conscientes qu’inconscientes.

1-1.1 L’identité individuelle :

Il faut tout d’abord définir l’identité. Celle-ci correspond à des facteurs objectifs, mais aussi à des éléments subjectifs.

La part objective est constituée de la nationalité, de l’origine ethnique, ou encore de la religion. Elle peut tout aussi bien se référer des caractéristiques physiologique comme l’âge ou le sexe mais aussi les études par exemple, certaines capacités artistiques ou encore la classe sociale.

La part subjective, elle, se base sur des critères plus vague comme nos traits de caractère ou encore notre vécu.

Ces critères forment un tout et nous définissent en tant qu’individu, ils peuvent aussi pré-définir aussi nos futurs choix vestimentaires et notre style.

Cependant, ils ne sont pas les seuls facteurs de notre apparence physique, la mondialisation joue depuis quelques décennies maintenant un rôle relativement important dans la quête du « moi ».

La mondialisation a un double rôle dans la recherche du « soi » :

La mondialisation économique agit comme frein sur la quête d’identité personnelle. Elle tend à provoquer la frustration de ceux dont l’identité est reniée. Elle entraîne un risque d’uniformisation totale : « l’occidentalisation ». La population mondiale de plus en plus, s’imprègne de la culture dit occidentale avec une société de plus en plus matérialiste et consumériste. Mais surtout de la culture américaine aussi bien dans la langue, dans les vêtements, dans la nourriture, dans la politique économique …

Les Hommes deviendraient alors « unidimensionnel » selon Herbert Marcuse, et, par conséquent absorbé par cette société. Ils seraient alors victimes d’un monde ou leur identité personnelle n’existerait plus, avec sans cesse le besoin de compétitivité et de nouveau biens matériels.

En revanche, la mondialisation peut être un atout culturel qui présente une opportunité nouvelle, dans la mesure où l’humanité entière a désormais accès aux créations artistiques, à l’univers spirituel et aux cultures des autres. De plus le libre échange permet un accès simplifié à une diversité de produits, d’origines et de teneurs diverses.

Nous pouvons alors nous demander si l’apparence que nous donnons à voir par notre style reflète-t-elle toujours ce que nous sommes réellement, et si non quels autres facteurs déterminent nos choix vestimentaires.

Nous pouvons apporter un début de réponse avec un facteur qui n’est pas physique : le temps.

En effet durant une vie autrui doit faire face à toutes sortes d’événements et d’influences qui changent en profondeur qui il est et donc son identité individuelle. Cependant notre apparence, elle, ne change pas nécessairement.

Mais la question de l’identité individuelle étant vaste elle est divisé en trois parties : l’identité archétypale, l’identité plurielle et l’identité construite.

Pour bien comprendre l’identité individuelle dans sa globalité il faut comprendre les trois notions ci-dessus.

Dans un premier temps l’identité archétypal : 

Celle-ci est définie par 4 principes :

  • le fait que les groupes sociaux existent
  • qu’ils aient une identité à part entière, comme les objets
  • que les caractéristiques d’un groupe social se transmettent aux individus qui le compose. que notre identité ne soit alors qu’un reflet
  • de l’identité du groupe dans lequel l’individu évolue ,de l’identité collective.

Cette thèse soutient donc que l’identité d’un individu serait alors réduite à l’identité de ses groupes de pairs. Si l’on suit le principe de l’identité archétypale il n’existe donc pas d’identité personnelle en propre. Il y a seulement des identités sociales et culturelles issues de groupes sociaux.

C’est aussi la théorie que soutient l’anthropologue, psychiatre et psychologue Abram Kardiner dans son livre « L’Individu dans sa société » paru en 1969. Abram Kardiner aussi reconnu pour avoir suivie une analyse avec S. Freud.

« L’Individu dans sa société » est un livre qui est reconnu pour être la première tentative d’étude de l’identité individuelle et collective de la part d’un psychanalyste, appuyé par une expérience ethnographique.

Cette expérience est celle de Ralph Linton chez les Tanala, un peuple forestier vivant au sud est de Madagascar et les Polynésiens des îles Marquises. Cela lui a permis de découvrir l’empreinte inconsciente des institutions sociales : les us et coutumes (gastronomie, les règles de politesse, les critères de beauté, les rituels …) ainsi que les institutions (monnaie, système politique, système judiciaire …) de la population. Mais aussi le rôle de l’inné chez un individu. Ainsi il en conclut que l’impact de la société sur les comportements notamment vestimentaires est plus important que l’inné chez un individu. Malgré tout l’inné aurait tout de même un rôle dans notre choix de style.

Autrement dit « Je suis moi et mes circonstances » José Ortega y Gasset

Dans un second temps nous pouvons évoquer l’identité plurielle : Celle-ci reprend les quatre premiers principes de l’identité archétypale. Mais elle en rajoute un cinquième, celui que les individus appartiendraient à plusieurs groupes et que chacun de ces groupes lui apporteraient une identité différente. Par conséquent nous aurions tous plusieurs identités.

Nous pouvons en déduire que cela causerais cette recherche de soi qui transparaît à l’adolescence avec de nombreux changements de styles avant d’en trouver un plus ou moins « fixe », en somme son identité individuelle.

Alain Caillé, sociologue, est partisan de cette idée affirme que chaque individu aurait au moins trois identités différentes.

La première provenant de la famille et des proches (amis, etc…), la seconde serait religieuse et culturelle et la troisième viendrait du fait, qu’à l’heure de la mondialisation, nous nous visualisons comme un membre de l’humanité et que cela influe sur nos comportements et notre apparence physique. Ces trois identités pourraient nous amener à faire un choix de style vestimentaire marqué.

L’identité construite : Elle énonce le fait que l’identité individuelle serait une simple « construction sociale », sans aucun libre arbitre. Mais cette idée- que nous serions aliénés par la société- a été réfuté de nombreuses fois.

Aujourd’hui, en psychologie, il existe une nouvelle méthode appelée le décryptage vestimentaire. L’idée serait alors que ce que nous portons est un reflet sur nous-mêmes et sur la recherche de qui nous somme.

Cela peut permettre de donner du sens à un choix vestimentaire particulier. Par exemple nous verrons par la suite que le style gothique a une symbolique forte. Notre apparence peut aussi nous permettre d’exprimer notre « véritable » identité, comme, par exemple les hippies qui délivrent leur envie profonde de paix au travers de leurs vêtements colorés et fleuris.

1-1.2 L’identité collective:

Tout le monde se construit en opposition à l’autre, grâce à nos différences. Et il en est de même pour le style. Mais après s’être construit et avoir construit son image vestimentaire en opposition à autrui reste tout de même un besoin d’identité collective, un groupe vestimentaire autant que social dans lequel nous pouvons nous retrouver.

Ainsi l’individu ne fait plus primer sa seule personne mais aussi son groupe de pairs. On le voit par exemple avec les « Bikers » ou les « Femen ». Ce sont des groupes organisés qui ont une forte volonté identitaire commune et un habit représentatif de l’image qu’ils veulent dégager, de leurs opinions.

Par exemple le fait de porter une veste en cuir noir, et des tatouages bien particuliers ou de ne pas porter de t-shirt pour marquer les esprits et défendre les droits de la femme dans le cas des « femen ».

La plupart des gens, mais plus particulièrement les jeunes ont la volonté de trouver leur identité individuelle. Elle passe souvent par un style vestimentaire fort et marqué.

Cependant chacun d’entre nous à besoin de se sentir appartenir à un groupe, créant ainsi une identité collective qui construit l’identité personnelle des membres du groupe. Notre style vestimentaire n’est donc pas que le reflet de notre identité individuelle, il est nourri par d’autres facteurs comme l’identité collective ou l’uniformisation culturelle qui tend à freiner notre liberté a être totalement libre d’être qui nous sommes et de le montrer par notre apparence.