2.1 Des disparités dans les villes et dans la société

Malgré la liberté relativement importante qui est accordée à la jeunesse aujourd’hui en termes de styles on constate des disparités dans les villes, en fonction de la taille de celles-ci mais aussi de la vision qu’on en a.

<< Dans les grandes villes le regard d’autrui peut être plus important par le fait que ce soit des inconnus, alors que dans les petites villes la plupart des gens se connaissent, le jugement est moins important et le nombre de groupes de pairs en conséquence. >>

D’autres évoquent le fait que dans la foule que forment les grandes villes autrui vous regarde moins. Ainsi, en fonction de la vision que l’on se fait des villes de tailles et de densités plus ou moins importantes la réponse apportée est différente.

Les normes et les valeurs plus restreintes dans les villes de petites taille enfermeraient autrui dans un carcan, l’obligeant à s’adapter pour qu’il ne se sente pas stigmatisé ou pas intégré. D’un autre côté les groupes pairs, plus nombreux dans les grandes villes, permettraient plus de liberté.

Ces groupes de pairs permettraient donc de créer une plus grande diversité. Cette diversité créant elle-même plus de groupe de pairs et donc plus de liberté. La conséquence serait alors un cercle vertueux. Mais ces nombreux groupes de pairs et cette diversité pose plusieurs problèmes et pas des moindres.

En effet ce cercle vertueux peut causer la division voir l’opposition des groupes de pairs, causant des problèmes majeurs dans notre société actuelle. On le remarque de façon récurrente.

Selon un sondage 20% des jeunes filles adopteraient une conduite de restriction à un moment de leurs vies vis-à-vis de leur style vestimentaire. Dans notre propre sondage, établi sur le collège/lycée et proposé aux classes allant de la troisième à la terminale, 43% se seraient déjà senti stigmatisés par rapport à leur style.

De façon plutôt contradictoire à la question  » est-ce que tu as déjà ressenti une gêne par rapport à ta façon de t’habiller ? », toujours de notre propre sondage, 73% ont répondu non.

Une solution à ce problème pourrait être le port de l’uniforme.

En effet dans un sondage de YouGov réalisé en ligne pour Capital en avril 2018 sur 1 012 personnes, représentatives de la population nationale âgée de 18 ans et plus. 54% des parents veulent que le port de l’uniforme soit obligatoire à l’école.

Tandis que dans cette même étude les jeunes, eux, préfèrent continuer de s’y opposer à 56%.

Ici il y a donc bien une opposition entre les adultes et les jeunes, clairement mise en valeur pas ces chiffres.

Ces groupes de pairs divisés peuvent aussi causé de la xénophobie, du racisme, des discriminations.

Par exemple 23% des français pensent que le port de vêtements religieux par les femmes musulmanes devrait être interdit. Cette analyse porte sur les réactions des adultes non-musulmans à l’égard du voile qui ne couvre que les cheveux.

le port du voile Musulman

Aujourd’hui de nombreuses modes font fluctuer nos styles dans toutes les villes, quelle que soit leur tailles.

Heidi Klumin New York City, USA, 2015. Photo by Freddie Baez

Les grandes villes proposent plus une mode plus éthique. En effet certaines personnes refusent les vêtements produits en masse dans des conditions souvent moralement contestable. On voit ainsi apparaître de plus en plus de marques écoresponsables comme « le basiq » ou encore « do you green ». Mais c’est aussi l’essor des friperies et du vintage, encore une fois beaucoup plus facilement trouvables et dans les métropoles.

En parallèle on remarque le phénomène de marques naître depuis les années 2000. Dès l’or le vêtement en lui-même n’a plus tant d’importance que le nom qu’il porte. D’ailleurs dans un sondage réalisé par le figaro en 2017 seulement 17% des jeunes avouent qu’ils changeraient de marque favorite si celle-ci ne traitait ou ne payait pas correctement ses employés, ou encore si elle ne faisait pas preuve d’une démarche écoresponsable.

Cependant il faut nuancer ce phénomène, dans ce même sondage, tout de même 29% des jeunes reconnaissent ne plus acheter des produits de marque si la qualité ne leur convient pas.

Quelques exemples de marques réputées

Les marques sont aussi un marqueur de notre identité sociale. Elles permettent entre autre de marquer la richesse. Par exemple le logo des grandes marques de luxe. Celles-ci permettent de catégoriser non seulement le vêtement, le bijou ou l’accessoire mais plus largement la personne qui le porte. Notre image pourra être valorisée ou dévalorisée en fonction de la marque que l’on porte: luxe ou grande surface par exemple.

Quelques exemples de marques de luxes

« Une femme a besoin d’indépendance, pas d’égalité. » Coco Chanel

Le vêtement peut aussi servir à l’émancipation, celle de la femme, pour ne citer que cet exemple. On le voit avec Coco Chanel, de son vrai nom Gabrielle Chanel.

Elle raccourcit les jupes et les robes et conçoit des vêtements faits dans des matières plus confortables. Elle détournera même la couleur du deuil pour créer l’iconique « petite robe noire ».

<< Le pantalon est devenu une des pièces maîtresses de la garde-robe de la femme moderne >> Yves Saint Laurent

Puis d’autre la suivent, on peut évoquer Yves Saint Laurent dans les années soixante. C’est d’ailleurs en 1967 précisément qu’il présente le premier tailleur-pantalon, habituellement porté seulement par les hommes. Il en dira d’ailleurs << L’idée d’une femme en costume d’homme n’a cessé de grandir […] de s’imposer comme la marque même de la femme d’aujourd’hui. Je pense que, s’il fallait représenter la femme des années 1970 un jour dans le temps c’est une femme en pantalon qui s’imposerait>>. Il avait déjà fait, un an auparavant, la une en créant le smoking pour femme.

Aujourd’hui encore la mode est encore utilisée comme un moyen de dénonciation et de protestation, comme le faisait les créateurs vu ci-dessus le combat pour les droits de la femme continue.

« La tendance c’est le dernier stade avant le ringard » Karl Lagerfeld

Par exemple en 2015 le créateur Karl Lagerfeld organise le final du défilé Chanel sous forme de manifestation, réinventant mai 1968. Il oblige ainsi son spectateur à réfléchir à la condition de la femme, dans la société d’aujourd’hui, et notamment au regard que l’on porte sur elle par rapport à ses vêtements. Un regard qui est devenu -pour lui- trop rabaissant.

2015: Défilé final de Chanel

On remarque que toutes les tendances sont au départ de grandes villes. Provenant de grandes maisons de coutures, qui lancent la mode de demain, influençant donc plus les petites villes.

Dans « L’ordre vestimentaire : de la distinction par l’habillement à la culture de l’élégance« , Abou Ndiayefait fait une recherche politique et culturelle du vêtement, à la manière de Roland Barthes, évoqué plus tôt.

Il voit l’habillement comme une affirmation de l’identité de chacun et un mouvement d’affirmation de soi dans la société d’aujourd’hui. Pour lui, les vêtements et le paraître et entre autre l’élégance, permettent de savoir plus facilement de quelle classe sociale viennent les gens.

Abou Ndiaye fait reposer son étude sur plusieurs points.

Le premier consiste à dire que l’époque contemporaine est marquée par le paradoxe selon lequel l’individu est de plus en plus réduit à son image, à ce qu’il représente et à son corps. L’individu est réduit à son apparence alors que l’on prône l’indifférence vis-à-vis de l’apparence des autres.

Ainsi, il y aurait une multitude de manières de paraître selon le groupe d’appartenance sociale, professionnelle, etc, mais aussi selon la mode.

Il y a donc une pression sociale qui pèse sur les individus quant à leurs manières de se présenter au travers de leurs vêtements.

L’auteur expose un autre point, concernant la définition des apparences, c’est-à-dire ce qui est visible sur le corps et du corps lui-même, comme l’allure ou la silhouette par exemple. Les apparences peuvent être aussi perçues comme le lien entre nous et les autres.

Dans son livre Abou Ndiaye parle, au final, très peu du fait que la société contemporaine accorde de plus en plus d’importance aux apparences. L’auteur fait un compte rendu de l’histoire et du rapport des sociétés aux apparences, rappelant des lois somptuaires.

Les lois somptuaires sont des lois qui imposent des principes de vies spécifiques et des habitudes de consommation différentes, notamment la manière de se vêtir, en fonction de la catégorie sociale à laquelle un individu appartient. Ici, Abou Ndiaye fait surtout référence à de nombreux pays et à des époques différentes qui imposaient à la population divers comportements vestimentaires, selon leur groupe social.

Il évoque donc un autre frein a la liberté de s’habiller comme on le désire à savoir les codes « imposés » de manière souvent inconsciente par notre catégorie sociale.

Enfin nous pouvons dire qu’il y a bien des disparités dans les villes. Ainsi les tendances sont lancées et détruites au départ des grandes villes et les petites villes vivent en fonction d’elles.

Mais ces disparités sont, plus largement, visibles dans la société. Comme la place des femmes par exemple. Les femmes qui doivent subirent des pressions sociales vis-à-vis de leurs tenues : pas trop « masculines », pas trop « vulgaires », pas trop « coincées » … Les discriminations subits dans la mode sont à l’image des discriminations subies dans la société pour le genre féminin.

Avec le phénomène des « marques » on voit que le vêtement n’a plus seulement une fonction utilitaire mais qu’il va au-delà. Il peut devenir un marqueur de la classe sociale à laquelle un individu appartient, un renseignement sur son pays aussi ou sa religion, voir aider à s’intégrer ou au contraire pousser a l’isolement lorsque nous sommes confrontés à nos pairs.